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La joie dans la création

La joie dans la création, c’est le travail plus ou moins long qu’on accomplit pour mener à bien un projet qui nous tient à cœur : faire de nos enfants des adultes responsables et heureux ― long travail ! Passer quelques heures en cuisine pour savourer le bonheur d’une tablée de convives heureux autour de soi. Lire et lire encore des tonnes de livres pour la bibliographie de son propre roman ; écrire, jeter, couper, retrancher, réécrire, jusqu’au mot FIN ― qui vous laisse à la fois heureux et malheureux ! (Pourquoi ? Ça, c’est une autre histoire !)
La création et le travail qu’elle demande sont la joie.


La conséquence de la joie est le bonheur : bonheur d’une famille harmonieuse autour de soi ― qu’elle que soit sa forme ; bonheur partagé des convives autour de sa table ; bonheur que vous donnez aux lecteurs et qui vous revient au centuple.

Mais, n’anticipons pas. Le jour où je me suis mise à écrire, j’ai ressenti de la joie pour différentes raisons : mon existence prenait enfin un sens, le travail de création solitaire, acharné, épuisant, gratifiant, me comblait, et j’exprimais enfin ce que j’avais toujours été, mais que je n’avais révélé ni à moi ni aux autres.
Pour autant, tout le temps qu’a duré l’écriture de mon premier roman, je ne fis part de ma joie à personne. Pourquoi ? Parce que, si j’avais confiance en moi, je ne pouvais pas m’appuyer sur une inexistante confiance de mon entourage en moi. Alors je préférai ne pas m’exposer à la raillerie qui tue l’inspiration. Car on ne vient à bout que de ce dont on ne permet ni aux autres ni à soi de douter. Je marchais donc seule, mais remplie de joie !
Cela peut sembler contradictoire, d’être seule, mais en joie. Pourtant, cela ne l’est pas quand on est dans un processus de création. Car, bien que le cœur et l’esprit marchent de pair, on crée avant tout avec son cœur.

Quand une action est guidée au départ par des motifs sans âme ni conscience, elle n’est pas viable à long terme ― demandez aux dictateurs qu’ils soient chef d’État ou de famille, ils font le malheur de leur peuple ou de leur famille et se retrouvent seuls à la fin. Par contre, quand l’esprit se donne à fond au service du cœur ou mené par le cœur, le rêve se réalise.

Cela, vous me direz, ce sont des mots ! Pas seulement, quand derrière il y a une puissante conviction. Le créateur doit avoir l’égoïsme des grands travailleurs, c’est-à-dire qu’il doit savoir sacrifier du temps aux autres pour en avoir assez pour lui. Ce n’est pas facile tous les jours, mais la vie est faite de choix quotidiens et de devoirs, je ne vous apprends rien ! L’un des premiers devoirs, quand on se lance dans un travail de création, est de l’achever. Cela semble évident et tout simple à dire, c’est pourtant ce qui est le plus difficile à tenir : accomplir jusqu’à son terme ce que l’on commence.
Oui, c’est bien là qu’est la joie : dans le travail, dans la réalisation-même de l’œuvre, qu’elle soit une famille, un repas, une entreprise, un tableau ou un roman. C’est une joie interne, créée par soi et pour soi et qui est nécessaire. Pourquoi ? Parce que si le créateur ne laisse pas, un jour ou l’autre, sortir sa création, à plus ou moins long terme, elle l’étouffera intérieurement.

Ceci dit, la création, une fois achevée, a des conséquences : une famille unie, des convives comblés, une entreprise florissante, un tableau admiré ou un roman apprécié. Ce sont des bonheurs qui vous font évidemment plaisir, mais qui vous viennent de l’extérieur. Une sorte de cerise sur le gâteau ! Pourquoi pas, c’est toujours bon à prendre, n’est-ce pas ?

Alors, ne vous demandez plus si le nombre de lecteurs influe sur la joie de l’écrivain de cœur ; sa joie n’en dépend en rien : elle est dans son écriture.
Personnellement, il n’y avait que deux choses que je n’avais pas imaginées, pendant que j’écrivais :
L’une était le bonheur que j’allais donner à mes premières lectrices, aux véritables aventurières des livres ! De bien belles cerises qui m’ont fait l’inestimable honneur de se poser sur mon gâteau ! Merci. Donner du bonheur est un bonheur.
L’autre était la connexion qui s’est créée entre ces lectrices de la première heure et moi, à travers le monde, les différents pays et cultures. C’est un étonnement de tous les jours, de constater combien une histoire peut unir des femmes de vies et de pensées différentes. Créer un trait d’union d’une telle puissance, c’est un bonheur dont je remercie mes premières lectrices !©

Gabrielle Dubois©

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