· 

Isidora, par George Sand

Isidora, George Sand

Voici La Dame aux Camélias originelle ! Non pas celle écrite plus tard par Alexandre Dumas-fils qui avait lu l’Isidora de Sand, ni La Traviata de Verdi, non ! Nous avons ici la vraie Dame aux Camélias, pensée et écrite par une femme : George Sand.


Quelle est la différence ?

Le regard d’une femme sur les femmes.
Est-ce important ?
Oh, oui !
Pourquoi ?
Parce qui peut mieux comprendre une femme qu’une autre femme ? Dans Isodora, George Sand fait dire à son personnage Jacques : Je crois qu’Isodora en sait beaucoup plus que moi sur le sujet des femmes.
Personnellement, j’en suis sûre !

George Sand casse tous les codes créés par les hommes depuis des millénaires. Dans Isodora, elle montre que les femmes ne sont pas classables en deux catégories :
la femme pure qui est soit la jeune fille vierge, soit la mère et épouse,
la femme impure qui est soit la courtisane, soit la femme libre,
comme le dénonce Naomi McDougall Jones dans The wrong Kind of women, en 2020, soit 180 ans plus tard !

Isidora commence par les questions que se pose Jacques, l’un des trois personnages du livre. Jacques voudrait répondre à des questions qui n’ont jamais encore été posées telles que :
La femme est-elle ou n’est-elle pas l’égale de l’homme dans la pensée de Dieu ?
Mais Jacques reformule immédiatement sa question :
L’espèce humaine est-elle composée de deux êtres différents, l’homme et la femme ?
C’est aussi la question que se pose Germaine Greer dans La Femme Eunuque, en 1973, soit 130 ans plus tard !
George Sand aimerait bien pouvoir « régler les rapports de l’homme et de la femme dans la société, dans la famille, dans la politique. » En passant, son personnage Jacques égratigne auteurs, utopistes, métaphysiciens et poètes, tous hommes qui ont cavalièrement et lestement tranché ce problème en plaçant la femme soit trop haut soit trop bas. Autre question de Jacques, alias Sand :
Quelle sera l’éducation des enfants dans la République idéale ?
C’est-à-dire à qui sera confiée cette éducation ? à l’homme, à la femme, à la société ? dès quel âge ? jusqu’à quel âge ?
Jacques continue à se questionner :
« Il est convenu de dire que la femme a moins de capacités que l’homme (…) c’est un point très controversable. Qu’en savons-nous ? Leur éducation les détourne des études sérieuses, nos préjugés les leur interdisent… Ajoutez que nous avons des exemples du contraire. Quelle logique divine aurait donc présidé à la création d’un être si nécessaire à l’homme, si capable de gouverner et pourtant si inférieur à lui ? »

Tant de questions…
Dans le siècle de George Sand, des courtisanes pouvaient parfois être régénérées par l’amour d’un homme : elles devenaient de sages épouses, rentraient dans le rang. L’amour d’un homme lavait leurs péchés ; leur conduite de femmes repentantes jusqu’à la mort faisait d’elles des femmes presque fréquentables. Ainsi La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils et la Violette de la Traviata de Verdi sauvent-elles leurs âmes grâce à un homme.

L’Isidora de George Sand ne sera pas sauvée par un homme, mais par l’amitié d’une autre femme. Si tant est qu’elle doive être sauvée… parce que George Sand, femme, comprend les Isidora de ce monde, comprend que leur métier de courtisane découle en grande partie de la façon dont fonctionne la société… d’hommes.
Dans cette société, comment Alice, la jeune veuve marié tôt à un méchant mari et Isidora, personnage double mi-ange mi-démon, vont cheminer l’une vers l’autre, se comprendre. Entre elles deux, le pauvre Jacques, désireux de savourer un démon, mais rêvant d’un ange, aura bien du mal à comprendre les femmes. Pourtant, elles ne sont pas des êtres mystérieux. Il suffirait de les écouter raconter leurs propres histoires pour les comprendre et les aimer telles qu’elles sont.

Ô moderne, intelligente, clairvoyante George Sand !
Bien avant les féministes du 20ème siècle, bien avant les admirables femmes qui tentent encore, au 21ème siècle, d’obtenir une égalité entre les femmes et les hommes, telles les brillantes femmes de THE 51 FUND, maison de production de films écrits et réalisés par des femmes, toi, George Sand, tu n’as cessé de faire en sorte que les hommes ouvrent leurs yeux sur ce que sont les femmes : des humains divers et variés, avec leurs qualités et leurs défauts, leur histoire tue depuis la nuit des temps, leur capacité à être amies et à se soutenir entre elles.

Citation de George Sand :
« Le bonheur, dit-on, rend égoïste… Hélas ! ce bonheur réservé aux uns au détriment des autres doit rendre tel, en effet. Ô mon Dieu ! le bonheur partagé, celui qu’on trouverait en travaillant au bonheur de ses semblables, rendrait l’homme aussi grand que sa destinée sur la terre, aussi bon que vous-même ! »»

Écrire commentaire

Commentaires: 0