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Le Pot de Basilic, Madeleine Clemenceau-Jacquemaire

 Le Pot de Basilic, Madeleine Clemenceau-Jacquemaire

Madeleine Clemenceau-Jacquemaire (1870-1949) est romancière, biographe, traductrice.

Son père est Georges Clemenceau (1841-1929, homme d'État français, président du Conseil, laïque, défenseur des arts, de Dreyfus dans sa fameuse affaire, contre la peine de mort, ministre de l’Intérieur surnommé Le Tigre, d’où les fameuses Brigades du…)

Sa mère est Mary Plummer, Américaine (1849-1922).

Clemenceau quitte la France à 24 ans en raison de son implication dans l'activisme politique radical contre le régime de Napoléon III. Il enseigne le français dans le Connecticut, où Mary, 16 ans, est élève.

Ils se marient en 1869, Mary a 20 ans, Clemenceau 28 ans. Ils s'installent en France un an plus tard et ont trois enfants dont Madeleine. Clemenceau a de nombreuses maîtresses et ne s’en cache pas. Mais quand Mary prend un amant, Clemenceau fait constater l'adultère, la fait emprisonner pendant deux semaines, divorce, et la renvoie aux États-Unis sur un bateau à vapeur avec un billet de 3e classe. Il obtient la déchéance de sa nationalité française et la garde de leurs enfants dont il ne s’occupera quasiment pas.

Durant la Première Guerre mondiale, Madeleine Clemenceau est infirmière major, citée en 1915 à l'ordre de l'armée pour sa bravoure .
Elle a reçu trois prix de l'Académie française qui couronne aussi l’ensemble de son œuvre.

Dans Le Pot de Basilic paru en 1928, Madeleine Clemenceau Jacquemaire raconte souvenirs et bribes de son enfance et son adolescence en Vendée. Et comme elle comprend bien l’enfance, ce que l’éducation détruit chez les enfants : son chapitre Les Limbes est absolument intelligent, perspicace !

Le chapitre L’ennui sur les mathématiques est admirable !

L’écriture de l’auteure est absolument exquise, fine, pleine d’esprit, raffinée, intelligente. Sa langue française (et vendéenne de son temps !) est un plaisir à déguster sans modération, quelques exemples en commentaires à suivre…

« La nature se joue agréablement de nos vanités. Ni bravade, ni violence, pas même d’ironie. Un rien de pollen soufflé par la brise et la plus chétive graminée peut ensevelir la plus majestueuse des mémoires humaines sous ses arabesques fleuries. Quelle élégance et quel humour dans la mystification ! »

« Le jour rassasié venait s’éteindre sur le sein de la nature. Bientôt, dans l’odeur humaine que, de la naissance à la mort, l’eau ne contrarie pas, le village s’abandonne à un épais sommeil. La nuit se répand et gagne. »

« Nous ne sommes pas innocents, même dans notre plus fraîche enfance. Tant d’héritages nous oppriment. De trop bonne heure notre tête remue des pensées indéfinies dont frémiraient ceux qui nous veillent, car ils n’ont pas pris soin de s’observer au passage, et se croient fondés à exiger de leur descendance une intégrité à laquelle ils n’ont pas atteint eux-mêmes. »

« Il me semble que c’est un indicible privilège que d’avoir plongé, au temps des grandes sensibilités (l’enfance), dans un passé où le vieux français était encore tout vif. Il y a bien de la différence entre cueillir un fruit sur l’arbre ou l’extraire péniblement d’une boîte de conserves, comme le font les écoles savantes. »


Gabrielle Dubois

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