Liberté, histoires et bonheur

Vaste sujet, mais je vais essayer de faire court !

Partons du fait que toi, lecteur ou auteur, vis, tout comme moi, Gabrielle Dubois, dans une société dans laquelle, théoriquement, nous pouvons vivre, penser et agir en toute liberté.

La question que je me suis posée et que je te pose, est : agis-tu vraiment comme une personne libre que tu es ?

‘Oh, mais bien sûr !’ vas-tu me répondre, sûre de toi, sûre de penser selon ton bon vouloir, ta bonne conscience personnelle… et sans doute le fais-tu, dans ce cas, tant mieux !

Moi, par contre, j’avoue avoir mis des années avant de m’autoriser à avoir une pensée libre. J’ai dû tout d’abord me libérer de mon enfance, et seuls ceux qui ont dû s’en libérer et y sont arrivés savent combien cela est difficile et long.

Il faut en premier se rendre compte qu’on est enfermé à l’intérieur de soi, quelles que soient les raisons, je ne vous donnerai pas les miennes ― si un jour lointain je trouve que mon histoire personnelle peut être d’une quelconque utilité, peut-être l’écrirai-je, si j’en ai le courage et l’audace.

Il faut ensuite mettre au jour et se débarrasser des parties étouffantes de son passé, et ça, ô combien c’est douloureux !

Et la troisième étape est de faire la paix avec soi-même et, éventuellement, avec d’autres.

Après tout cela, on entre dans une sorte de convalescence durant laquelle on s’habitue à vivre avec son nouveau moi.

Enfin, après quelques années, on se sent enfin libre et Dieu que c’est bon !

 


Mais qu’est-ce que c’est que cette liberté ? me diras-tu. Et qu’en as-tu fait ?

En dehors des répercutions heureuses que ce nouveau moi a eu sur mes enfants alors encore des bébés ― bébés qui sont maintenant des étudiants heureux ! ― j’ai utilisé cette liberté pour enfin dévoiler qui était l’être qui était caché au fond de moi depuis toujours.


Comment ?

J’ai écrit les belles histoires que je me raconte depuis aussi longtemps que je me souvienne. J’ai commencé à écrire ma première histoire un soir, subitement, alors que je m’apprêtais à regarder, en compagnie mon mari, un énième film écrit, réalisé et joué par des hommes, genre héros male sauvant le monde. Et là, je me suis dit :

« Il suffit ! Je n’ai jamais aimé ce genre d’histoires. Je vais écrire  une histoire que j’aime, une histoire de femme, celle que j’ai en tête depuis tant d’années, celle qu’il me plairait de voir au cinéma. Une héroïne qui me parlerait, à moi, femme, spectatrice, lectrice. »

Alors, chaque nuit, je me suis installée devant l’ordinateur familial, car il faut bien gagner sa croûte le jour ! et un an plus tard, un premier roman était né, Sous les eucalyptus, qui a paru depuis en version anglaise sous le titre de Mistress Mine.


Pourquoi ai-je choisi le roman ?

Parce que le roman n’a pas les contraintes des vers et des rimes du poème, il n’a pas non plus la contrainte d’un nombre de mots limité, de la nouvelle.

Le roman est libre d’être court, long, poétique ou brut, historique ou futuriste, d’amour ou de passion, d’aventure ou de drame intérieur. Le roman est souple : le romancier l’adapte à son tempérament, le lecteur le choisit selon sa personnalité.

Tout comme l’imagination du conteur, le roman est sans limite, sauf…


Sauf si le romancier tient compte des éditeurs qui veulent des romans calibrés en nombre de mots. Sauf si le romancier tient compte de la mode qui le condamnerait à tel ou tel genre. Sauf si le romancier tient compte des personnes avisées qui lui diront que son roman est trop court ou trop long, trop descriptif ou avec trop de dialogues, qu’il manque de personnages ou qu’il en a trop… !

Mais…


Mais si le romancier fait abstraction de toutes les influences bienveillantes ou non autour de lui, alors le romancier est sincère avec lui-même, alors le romancier est libre, alors le romancier a du bonheur à écrire et le lecteur a du bonheur à le lire.

Attention ! je ne dis pas que le conteur ne doit pas écouter quelque bon conseil sur son écriture, je dis seulement que son histoire doit rester vierge de toute influence extérieure.

Ah, je t’entends déjà me dire, lecteur : Es-tu sûre d’avoir été libre dans ton écriture ?

Je le suis et je vais te dire pourquoi.


Écrire en toute liberté, cela n’a l’air de rien, dans une société qu’on dit libre, mais ce n’est pourtant pas si évident.

Écrire librement c’est :

Écrire non pas pour vingt intellectuels ou pour la totalité des lecteurs du monde, mais pour ceux qui ont soif de lire une bonne histoire.

Écrire sans se préoccuper du qu’en dira-t-on, d’une morale officielle ou officieuse.

Écrire sans se contraindre à insérer dans son histoire un sujet complaisant de société ou de mode.

Enfin, écrire en toute liberté, c’est conter avec sincérité l’histoire que l’on porte dans son cœur… et c’est ce que j’ai fait !

Gabrielle Dubois©

 

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